En privilégiant l’aspect historique et topographique à une époque où la production de manuscrits nous permet d’écrire l’histoire, nous mesurons la puissance des seigneuries urbaines tout au long des XIIe et XIIIe siècles à Troyes.

    Agrandissant le réseau urbain, asséchant les zones humides, développant les enceintes pour mieux se défendre, les comtes, dont Hugues et Henri Ier, permettent aux hommes de trouver les conditions d’un épanouissement. C’est le fait du prince qui donne un parcellaire si caractéristique. Il faut y ajouter une liberté communale qui permet aux habitants d’être libérés d’une domination corporelle. Par ailleurs la noblesse se raréfie dès lors toutes les conditions sont réunies pour que les établissements religieux étendent leur pouvoir. Notre processus de développement urbain met en évidence le rôle primordial des Religieux, aidés par l’incitation juridique des comtes de Champagne dans la seconde moitié du XIIe siècle. Ainsi, les institutions ecclésiastiques se constituent en de véritables seigneuries urbaines que l’on peut visualiser à travers un ensemble de cartes.

    Codifiée par les conciles de Latran, la paroisse devient un droit exercé par un prêtre, sur un espace délimité qui recoupe les usages issus de dotation primitive. Le réseau paroissial structure l’espace urbain autour d’églises et de monastères où la domination s’exerce rue par rue, maison par maison. La démarche régressive permet d’établir une pondération de ces paroisses par le biais d’une cartographie originale. En exaltant le quartier à travers le saint patron et des processions au parcours bien délimité, le prêtre accompagné de ses paroissiens rejoint quelquefois le cortège processionnel de l’évêque, offrant de cette façon une spiritualité vivante, synthèse d’un temps religieux et d’un temps civique. Visiblement, le réseau paroissial structure l’espace et les hommes, les réunit pour donner cœur à des manifestations riches en ferveur religieuse dans cette cité humaine et divine.